poirebellehelene

... au caramel poivré

lundi, janvier 29, 2007

Modèle vivant

Au centre de la table, le modèle est vivant,
Il respire et il parle, il est en mouvement.
Et puis le temps s'arrête, elle s'immobilise,
Suspendue dans la pose, sans même une chemise,
Intimité à nu, la voici défroquée.
C'est à nous de jouer, à nous de la croquer.

Tout autour de la table, nous taillons nos crayons,
Je préfère le crayon, le fusain c'est charbon.
D'abord, bien réfléchir, par où commencer...
Longuement s'attarder à bien la regarder...
Le papier Ingres est vierge, du modèle à la feuille,
Le jeu de la paupière, le va-et-vient de l'oeil.

Mais d'où vient la lumière, faisons bien attention,
Etudions les ombres, gardons les proportions.
La tête n'est qu'une forme, ce n'est pas un portrait.
Le contour n'est que courbes, laisser courir le trait,
De faux traits en vraies courbes, ainsi va le crayon.
On entend le silence, quelle concentration!

Elle est assise en boule, les genoux dans les bras.
De l'épaule pointue, je glisse vers le bas,
Finesse du poignet, les mains, c'est difficile,
Et les doigts encore plus, trop nombreux, inutiles,
S'éparpillent en tous sens, je déclare forfait.
Les seins sont fatigués, mais l'arrondi parfait.

Maintenant allongée, étirée, une jambe pliée
Pour garder l'équilibre, et un bras basculé.
La confusion du pied, l'éventail des orteils,
La balle du talon, la fesse en un soleil,
La hanche somptueuse, l'échancrure de la taille
Vers l'arrondi des côtes, la ligne est sans faille.

La pose est reminée, et la belle s'anime,
Enfile un vêtement, n'a plus rien de Vénus.
Sur les papiers noircis, la voici éternelle.
Nous avons essayé de lui être fidèle...
Ce modèle envolé vaut des alexandrins.
Maintenant, c'est l'épreuve: regarder mes dessins...

vendredi, janvier 19, 2007

Velasquez


7 heures, pluie et bourrasques sur le nord de la France : normal, c’est de saison. Vite, Eurostar m’attend. Yourostar. Je vais chez Velasquez, oui, plein nord vers Madrid. Je pars en voyage, un vrai voyage, police, carte d’identité…

J’ai 3 heures dans un fauteuil confortable pour faire connaissance avec la Famille Royale immortalisée par Velasquez : Philippe IV, l’arrière petit-fils de Charles Quint, le petit prince Baltasar Carlos, l’héritier, qui mourra à 16 ans, puis Philippe Prosper qui ne passera pas 4 ans, et puis la Reine, les Infantes. Ca y est je connais toute la famille. Je me suis mise en condition, j’ai suivi Velasquez de sa naissance à Séville à sa mort à Madrid, en passant par l’Italie. Mon cerveau est maintenant un terreau fertile où les 46 peintures exposées à la National Gallery pourront germer.

Londres, des Anglais partout. Trafalgar square : Nelson, en haut de sa tour, n’a pas encore été déboulonné, mais une surprenante statue lui tient compagnie sur la place : « Alison Lapper, enceinte ». Statue en marbre blanc d’une femme nue, handicapée, enceinte. Alison est une artiste engagée dans la cause des handicapés. La statue est là pour 18 mois. Quand on la descendra, le bébé marchera déjà.

Grande banderole rouge sur le fronton de la National Gallery : « Velàzquez ». Ils sont étonnants, ces anglais, eux qui ne connaissent pas les accents, ils gardent respectueusement celui de Velàzquez, et nous qui en avons de toutes sortes, nous l’en privons.

Avant de se repaître de Velasquez, il faut se restaurer : les anglais ont maintenant de vrais restaurants, et nous voici attablés devant un pain irlandais qui a un délicieux goût de pain d’épice, et un magret de canard au chou rouge assorti de petites cuisses de caille… si maintenant les anglais mangent les oiseaux, bientôt on les verra manger du cheval. Vin Merlot de Nouvelle Zélande. Pas de liège, le bouchon se visse, c’est normal aux antipodes, il n’y a là rien de péjoratif. Au diable les préjugés, le vin est bon. En dessert, fromage et pâte de coing, pourquoi pas ?

Velasquez, enfin ! 4 salles : la première, les œuvres de jeunesse à Séville, des scènes populaires, cabaret, cuisine, on y mange du poisson, des poivrons, de l’ail, des oignons rouges. Tout un chacun se pâme devant la vieille femme qui fait cuire des œufs… oui, oui , tout ça, c’est superbe, mais moi, ce qui m’attire, ce sont les autres salles, les portraits…

Je retrouve toute la famille. Philippe IV, grand, la peau très claire, le visage en longueur, moustache relevée à la Napoleon III, magnifique dans son riche costume royal, très altier. Un autre portrait de Philippe en chasseur, noble et fier. Et puis le petit prince, Baltasar Carlos, tout petit. Il ressemble tellement à son père, blond, pâle, dans sa robe verte dorée. Il a grandi, le voici à cheval, le cheval, immense, galope… ah qu’il est beau mon fils sur son cheval, dans son costume princier, le chapeau empanaché. Il est tout à son galop et tourne un instant la tête vers nous. Son regard nous va droit dans les yeux : je suis les traces de mon père, je galope, je chasse, plus tard je serai roi. En effet, le voici en chasseur, comme son père, les mêmes gants à manchettes, entouré de ses chiens.

Maintenant, l’enfant adoré, Baltasar est mort. Philippe est vieux, fatigué.

Le nouvel infant, Philippe Prosper a 2 ans, lui aussi, c’est le portrait de son père, mais plus que blond, si pâle. Il porte à la ceinture une amulette contre le mauvais oeil, une pierre contre les maladies, une clochette pour signaler sa présence… Le petit chien dans le fauteuil est joyeux, espiègle, il lui survivra sans aucun doute.

Les petites infantes sont magnifiques, pomponnées, dans leurs larges robes brodées, dorées, colorées, leurs coiffures-perruques ornées de bijoux, de papillons. La largeur de la coiffure est en proportion avec celle de la robe, selon le théorème de Thalès. Elle ont la santé, les infantes, Velasquez leur met du rose aux joues.

Velasquez peint aussi des amis, des courtisans, dans un style plus détendu, plus spontané, sans fignolage. Juste les traits de pinceau qu’il faut. Les sujets sont de trois quart et tournent la tête vers nous, de face, comme si nous étions l’objet de leur attention. On se sent considéré. Tous sont aussi sérieux que le Pape Innocent X. A l époque de Velasquez, il faut croire que le sourire n’a pas encore été inventé, encore moins le rire. Tous les portraits sont sérieux, voire sévères. Est-ce l’époque, ou les gens qui sont tristes ? Puisqu’ils nous regardent, c’est probablement nous qui ne sommes pas drôles.

L’affiche de l’exposition est « La toilette de Vénus », une femme nue, de dos, se regarde dans un miroir… un peu plus de rondeurs, et ce pourrait être du Rubens ! j’aurais préféré une affiche du petit Baltasar à cheval… tant pis pour moi !

Yourostar again, en une journée : Paris-Londres-Madrid-Rome-Madrid-Londres-Paris. Jules Verne, ça t’en bouche un coin !

jeudi, janvier 18, 2007

Basile

Où vas tu Basile avec ces quatre points ?
Je veux m’orienter, retrouver le Nord

Où vas tu Basile avec tous ces signes ?
Je veux rechercher, le vilain petit canard

Où vas tu Basile avec ces paroles?
J'ai enfin décidé, de les libérer

Où vas tu Basile avec toutes ces lettres ?
Je veux retrouver, la lettre volée

Où vas tu Basile avec tous ces mots ?
Je m’en vais les dire, recréer le monde

Où vas tu Basile avec tous ces verbes ?
Je dois retrouver, le verbe « désirer »

Où vas tu Basile avec tous ces rêves ?
Je vais m’exercer, au retour du refoulé

Où vas tu Basile avec tous ces noms ?
Chercher le nom du Père, serait-ce papa Freud

Où vas tu Basile avec tous ces écrits ?
Je vais m’assurer, qu’ils sont bien de Lacan

Où vas tu Basile avec tous ces livres ?
Je m’en vais les lire, y chercher l’ivresse

Où vas tu Basile avec tous ces discours ?
Je vais vérifier, qu’ils sont bien forclos

Où vas tu Basile avec toutes ces lignes ?
Je vais à la pêche, faire des ronds dans l’eau

Où vas tu Basile, avec ce biberon ?
Je vais chercher Bébé, lui dire qu’il a faim

Où vas tu Basile avec ce divan ?
Je vais y apprendre, le transfert d’Euros

Basile est un dégourdi, faisons lui confiance !!

samedi, janvier 13, 2007

Vécu

De bien trop bon matin, mes rêves s'effilochent,
France cultivateur vient me sonner les cloches.
Aujourd'hui encore, c'est le petit matin:
La poire ensommeillée, c'est mi figue-mi raisin.
Encore une fois de plus, mon sommeil labouré,
Les plus faux, les plus fous, tous mes rêves fauchés,
Mon inconscient sarclé, loin des bras de Morphé.
Cultivateur, intello, a oublié les fées:
Il creuse des sillons pour les tristes nouvelles,
Egrène d'une voix chantante, des crimes la kyrielle.
"Amie de l'économie?"N'écoutons pas la suite,
Il y a sûrement erreur, il faut prendre la fuite!
A regret malgré tout, j'abandonne ma couche,
D'un pas mal assuré, m'engage sous la douche.
Me voici aux commandes, et grâce au mitigeur,
L'eau jaillit, chaude à point, et m'inonde, quel bonheur!
Est-ce qu'il fait beau au moins? Regardons par la vitre:
Oui, c'est un jour nouveau, allons vite le vivre...

lundi, janvier 08, 2007

Boulogne-sur-ragondin


Le Bois de Boulogne est un endroit charmant. A l’époque où c’était une grande forêt, il plaisait à Dagobert d’y venir chasser l’ours. Philippe le Bel, au retour d’un pèlerinage à Boulogne-sur-mer, lui donna son nom. C’est Napoleon III qui lui donna son visage actuel.

C’est donc un endroit charmant, mal famé à ses heures, mais le dimanche, envahi de promeneurs qui se prennent pour des randonneurs. C’est ainsi que j’ai découvert la moiteur des serres d’Auteuil, le jardin de poètes, l’hippodrome, itou itou, je suis passée dans l’arrière fond de la Grande Cascade avec une pensée émue pour Maria Casarès et «Les Dames du Bois de Boulogne »..

Enfin, j’ai fait le tour des étangs. Notre gentil groupe de sportifs s’est arrêté un moment non loin d’une berge, pour siroter du thé ou du café précieusement couvés dans des thermos. Le randonneur du Bois de Boulogne est persuadé qu’il doit régulièrement se sustenter pour ne pas frôler l’inanition. Le Bois de Boulogne a donc ce point commun avec le Sahara : il faut absolument emporter à boire.

Pendant que la troupe des randonneurs déglutit, je m’approche de la berge, et je découvre une bestiole un peu empotée, assise sur son arrière train, pas farouche, qui ne me rend pas l’attention que je lui prête.
_ Qu’est-ce que c’est ?
_Ben c’est un ragondin ! et tous de retourner à leurs thermos… tous ? sauf un : votre serviteur, l’Astérix de la randonnée. Oui, moi qui ne suis pas capitaine, j’ai pris la peine de le regarder, ce ragondin…

Enorme rat qui croise ses petites pattes de rat sur sa poitrine, comme une nonne, ne serait-ce pas une ragondine? Deux grandes dents de devant à la Walt Disney, et une moustache à la Jean Rochefort, qui lui dégouline de chaque côté des babines. De quoi remettre en question la séduction du sus nommé: mais qu’est-ce que Charlotte Rampling peut bien lui trouver ? Il faudrait qu’un jour un chercheur se penche sur la question.

La fourrure n’est pas très appétissante, surtout au sortir de l’étang, et pourtant elle serait douce et soyeuse puisqu’on est allé chercher ce rat en Amérique du Sud pour que les mamies pas assez riches pour s’offrir un vison puissent porter du ragondin !

Notre héros se lève : oh, la queue, énorme queue de rat : savez-vous que lors des hivers rigoureux, cette queue peut geler, ce qui dégénère en gangrène mortelle. Oh que ça doit faire mal, j’en ai la chair de poule…

Il s’en retourne à l’eau. Malgré ses pattes arrière palmées, quand il nage, il fait pitié, les Olympiades, c’est pas pour lui.

Ragondins et Ragondines ont envahi le Marais Poitevin. Sainte Radegonde y est dans le fond peut-être pour quelque chose, elle a du se tromper de prière. Car ces animaux sont nuisibles, responsables de dégâts importants. Toutes les méthodes de lutte contre la ragondin sont autorisées, voire recommandées : le poison , le tir, le piégeage. On hésite en effet à introduire en France les prédateurs naturels du ragondin: le caïman et le puma.

Au Bois de Boulogne, Dagobert ne chasse plus l’ours, c’est le Préfet qui chasse le ragondin.

jeudi, janvier 04, 2007

Blogs en Espagne

Ce matin dès l’aube, à bas le vagalame,
Allume ta bécane, ponds ton épithalame.
Et que tu sois poète, ou que tu sois matheux
Le lettres sont à toi, il faut en faire un jeu.

Le téléphone, fixe ou portable, est un ancêtre,
Il n’y a que des factures au fond’ma boite à lettres.
Maintenant je le sais, aujourd’hui le dialogue
Se moque du facteur, et passe par le blog.

Que tu ailles au travail, que tu partes en vacances
N’oublie pas, penses-y, crée des liens, c’est ta chance !
Ne perds aucun moment, Tégévère point com,
Pianote sur ton clavier, pendant qu’il met la gomme

Blog indigne, blog d’empire, inclassable, blog à part
Blogue à tous vents, c’est le balcon sur la gloire….

Ne bats pas la campagne, réveille toi Perrette
Tu n’es pas en Espagne, veille au pot sur ta tête.