poirebellehelene

... au caramel poivré

mercredi, mars 21, 2007

Cymbeline


Cymbeline vient de Londres, tout droit jusqu’aux Gémeaux.
Ses personnages vivent par la magie des mots,
Brillant sous les étoiles : trois pour Télérama.
Bondissez, tournoyez, car tout s’évanouira.
Le cœur au firmament, adieu réalité,
Laissons venir le rêve, pour voir et écouter…
C’est un Conte de fées, que sommeille l’esprit,
Et que le cœur s’envole dans le ciel de la nuit….

Tourmenté, excessif, le vieux Roi est cruel,
Car sa Reine est méchante, la princesse si belle,
Lui destine son fils, un nigaud prétentieux..
Contrariées les amours, et banni l’amoureux,
Et c’est le va-et-vient du fidèle serviteur.
Vient le berger inculte, mais si noble de cœur..
Séduction, corruption, c’est Rome, en Italie,
En Bretagne on est simple : alchimie et magie…

Amour, vertu, honneur : entrent en jeu les passions.
Voici aussi la haine, perfidie, trahison.
Costumes et cravates, un feu dans la campagne,
La fiole de poison, les coupes de Champagne,
L’homme décapité, une femme qui meurt…
Elle n’était qu’endormie, mais couverte de fleurs :
Campanules, violettes, coucous et primevères.
Quel curieux amalgame !! seul un rêve peut le faire..

Maintenant, c’est la guerre, c’est le temps des héros.
Seuls à mourir : la Reine… et son fils le nigaud !
Les soldats Britanniques, l’uniforme Italien,
L’alchimie, la magie, Jupiter, les devins..
Pistolets et fusils font un si grand vacarme,
Uniformes troqués, encore un amalgame !
Les amants réunis, les parents retrouvés,
La sagesse triomphe, et tout est pardonné.

Comme chez Astérix, sur un air de musette,
Tout autour d’un banquet, la fin du rêve est fête….

Cymbeline-Shakespeare-Declan Donnellan-LesGémeaux-Sceaux-Mars 2007

Lyon: à l'abordage!





Mille sabords, le roulis de ce TGV me donne le mal de mer..
Le temps passe. On passe le temps : échange de bons procédés. Encore quelques tours de passe-passe, et je serai à Lyon.

Trognons, trop bouchons, les lyonnais, ne piquent pas, ne mordent pas, vous donnent le bonjour, le chemin, l’heure, vous font payer le reste… Pas très chaleureux de bon matin quand il pleut.. normaux, quoi ! Pourtant, ils voient la vie en rose, ils badigeonnent tout à la praline rose….

Commençons par le bouchon lyonnais, tellement connu qu’on le met à toutes les sauces, on en mangerait : je me suis laissé dire que c’était la spécialité de Lyon et qu’on allait sûrement nous en servir. J’ai avisé le naïf que si par mégarde il trouvait un bouchon dans son assiette, il le mette résolument de côté, afin d’éviter un embouteillage et une fin de séjour pénible.

Les vrais bouchons, je les ai vus, car j’ai été rendre visite au Patrimoine de l’Humanité, le Quartier Saint Jean. J’ai flâné dans les ruelles bouchonnées et j’ai pu admirer la variété des menus lyonnais :
Salade lyonnaise
Saucisson chaud lyonnais
Quenelles lyonnaises
Andouillette lyonnaise
Tripes lyonnaises..
On peut aussi se laisser aller au Boudin à la pomme (néanmoins lyonnais)
Si problème avec la cochonnaille, j’ai cru comprendre qu’on pouvait se replier sur Villeurbanne.
Pour commencer ou finir le repas: la Cervelle de Canut : fromage blanc, herbes, huile d’olive

J’ai vu le Rhône : l’eau est verte, il n’y a pas de bateaux, il ne sert donc pas à grand’chose sinon à prêter ses berges aux joggers, et à étirer des quais à n’en plus finir. Le long des quais, des tas d’immeubles, bien rangés, se serrent les coudes, roses, beiges, ocres, oranges ou blancs, avec des tas de petites fenêtres. C’est très joli.
Le Quartier Saint Jean, aussi, des tas d’escaliers, des tas de traboules qui sont la réplique exacte des photos vues sur Internet. Les couleurs sont également à l’identique. Pas de surprise. Bravo.
Vraiment, j’ai aimé Lyon (et en plus, c’est vrai)

Pour finir, un note d’humour lyonnais : sur une façade « ONLY LYON », suivi d’un petit lion rouge qui tourne les talons… ce fut mon programme.

jeudi, mars 15, 2007

Lyon, à l'approche...






J’ai quand même un peu regardé où j’allais mettre les pieds… J’irais en Nouvelle Zélande, je ne m’attendrais à aucune surprise : il y a là-bas des prés, des vaches, du lait, du beurre. On y parle anglais, on y joue au golf : le Poitou-Charentes si les Anglais n’avaient pas été boutés hors de France. Mais Lyon !!!

Il paraît que Lyon est la ville ou l‘on vit le mieux en France !!

C’est là que le premier livre a été imprimé, et c’est à Lyon que les frères Lumière ont inventé le cinéma,(sans oublier le tulle gras). Mais surtout, les lyonnais ont Bocuse, le cuisinier du siècle ! Il a été sacré « pape de la cuisine », et sa spécialité est la soupe aux truffes. On peut le voir à Paris au musée Grévin, mais pour goûter la soupe aux truffes, il faut aller à Lyon.

Il y a tout à Lyon, des tours, des arrondissements, des immeubles, des musées, un aquarium, des cinémas, des hôpitaux, un opéra, un métro avec des plans, des ponts, des statues équestres, des lumières la nuit, bref, tout ce qu’il faut pour faire une vraie ville. Il y a parfois du soleil. Il y a probablement des Monoprix. Etonnant : Fourvière n’est pas seulement un tunnel, mais aussi une colline.

Les Lyonnais ont une grande place qu’ils appellent « belle cour »
Ils ont des voies piétonnes entre les immeubles qu’ils appellent des « traboules », et on traboule dans les traboules.
Les restaurants s’appellent des bouchons.
Ils ont aussi une tour métallique qui prétend ressembler au 3° étage de la tour Eiffel..

J’ai hâte d’y être. Je me prépare donc à trabouler et à bouchonner…

lundi, mars 12, 2007

En exil à Lyon


Je vais m’exiler à Lyon. 4 jours. Lyon, Terra Incognita, dépaysement complet, pas besoin de jet. Car Lyon, c’est quoi : je connais des gens qui connaissent des gens qui habitent à Lyon, mais c’est vague… comment peut-on être lyonnais ?

De Lyon, je connaissais le Crédit, mais il est devenu lionnais, il arbore un petit lion, un petit roi lion de bande dessinée, tout doré comme un louis d’or. Rien à voir avec le lion de Denfert Rochereau, mais qui sait, peut-être, un jour, en mal de nouveauté, le Crédit Lyonnais s’appellera-t-il le Crédit de Belfort. Il renie sa mère patrie… mauvais, ça..

Ah si, je sais quelque chose sur Lyon : il faut prononcer li-ion, sinon, tout le monde sait que vous n’êtes pas lyonnais… mais je n’ai jamais l’occasion de parler de Lyon, donc je ne risque rien.

Lyon est pour moi une forteresse, une tour d’ivoire, une cité fermée, d’où rien ne filtre, qui fait tout pour qu’on l’évite : Je sais des tas de choses sur d’autres villes : à Toulouse les briques roses, les saucisses, les chocolatines ; à Bordeaux, le vin, les quais, les canelés ; à Marseille la sardine qui bouche le vieux port, la Canebière, les Calanques ; à Lille, un super métro, Roubaix et Tourcoing ; à Rennes, on encaisse toutes les contraventions de France et de Navarre ; à Strasbourg, les saucisses et le Parlement Européen, et j’en sais plein d’autres… mais Lyon… mystère et boule de gomme !

A part les canuts qui vont tout nus, et que je n’ai aucune chance de rencontrer car maintenant ils ont tous émigré en Inde et en Chine. Et puis, d’inhumation en exhumation, la voix roucoulante d’Yves Montand s’est perdue. Rien à voir avec l’immortalité de la môme.

Il paraît qu’on mange bien à Lyon.. mais on mange quoi ? Je ne connais pas de restaurant lyonnais à Paris. Je connais quand même les "bugnes", j’en ai vu dans des vitrines de boulangers, c’est beau, un tas de bugnes saupoudré de sucre glace, on dirait le mont Fuji, on a peur d’y toucher pour ne pas démolir…

Lyon, en fait, tient sa notoriété du TGV qui en a fait sa première cible. Mais dès qu’il est arrivé à Lyon, il s’est empressé de fuir vers Marseille… C’est comme le Rhône, dès qu’il voit Lyon, il vire à gauche toute et s’engouffre dans sa vallée comme le mistral… mauvais, ça…

Chacun sait que Lyon a cédé sa gare à Paris. Les lyonnais ont du en construire une autre qu’ils ont appelé « Part Dieu », par ma barbe dit l’autre, ça veut dire quoi, ça, ça ressemble à du français, mais ça ne veut rien dire…Dieu serait donc un gâteau à partager…La cuisine lyonnaise doit être céleste…

Si je convoque des souvenirs lointains, de tout temps, les automobilistes aussi ont toujours tout fait tout pour éviter cette brave( ??) ville de Lyon. A défaut, si on ne peut éviter d’y passer, on s’arrange pour ne rien voir : on commence par s’engouffrer dans un tunnel, et puis on longe les quais sur une voie dite rapide, en regardant droit devant soi, ouf, voilà la flamme de la raffinerie de Pierre Bénite ( je crois), Lyon est derrière nous, à nous le soleil ! On a pris soin d’éviter l’heure ou les lyonnais sortent du bureau, on préfère ne pas les voir.

Le 14 juillet, alors que les Parisiens se mettent aux balcons pour regarder le défilé sur les Champs Elysées, les Lyonnais ferment leurs volets sur la horde d’autres parisiens qui traversent, sillonnent, lacèrent leur ville, voitures gorgées de familles vomisseuses, de bambins braillards, bondées de bagages, sur le toit, en remorque… on comprend qu’ils soient contrariés et s’enkystent.

On a même construit une autoroute qui passe très au large de Lyon, et beaucoup préfèrent faire 30km de plus, mais éviter cette ville…

Vous comprendrez donc que je m'aventure à Lyon, de mon plein gré (quoique d'un plein gré du à des circonstances que je n'ai pas choisies), donc "obligée de mon plein gré", mais avec beaucoup d’appréhension…

dimanche, mars 11, 2007

Bucolique, la Poire...

Un dimanche de février


Quelle douceur, dimanche, passées les giboulées,
A l’oreille des pousses, la bourrasque a soufflé :
Soyez tous « à vos marques », et quelle agitation !
La nature dit « qui vive », tient sa respiration.
Le sapin se déleste de bon nombre de pommes.
Camélias et Rhodos sont prêts depuis l’automne,
Et les bourgeons s’entrouvrent, devinez les pétales.
L’herbe qui reverdit, les crocus qui s’étalent
Les hortensias pointent de mini feuilles vertes
De la saison passée, gardent les fleurs inertes.

Déjeuner de soleil, le froid réapparaît
La nature abusée s’était donc égarée.
Les ardeurs sont calmées, ce n'était qu'une alerte,
Soyez encore patients, rangez moi tout ce vert,
Le signal du départ n’est pas encore donné.

Deux semaines plus tard, il faut les raisonner!
Le camélia craque, il explose de rouge!
Encore des rafales, toutes les branches bougent,
Ces arbres imprudents, les voici secoués,
Leurs fleurs roses dehors, leurs pétales envolés.
Les primevères d’accord, à fleur de terre, sans risque,
Les giroflées touffues, tout pointus les iris
Les myosotis essaiment, ne pas les oublier!

Le vent n’a pas baissé les bras, que va-t-il apporter
Dans son sac à malices, que nous réserve-t-il,
Il sait être violent, il n’a rien d’un gentil..

mardi, mars 06, 2007

Orangerie encore, Nymphéas toujours...

On ne fabrique plus de tuiles aux Tuileries.
Plus non plus d’orangers, là dans l’Orangerie.
La Seine coule toujours, traverse la cité,
Jusqu’à nouvel ordre, et pour l’éternité.
Mais sur les Nymphéas, la nouvelle verrière
Dans les salles ovales, tamise la lumière.


Surplombant la Concorde, avides de culture,
Les visiteurs zélés attendent l’ouverture.
Le vent fait une course autour du bâtiment,
Ebouriffe les têtes, quel désagrément !
Nuages menaçants, les arbres nus, mais fiers,
Un rayon de soleil, et tout est lumière.


L’Orangerie est neuve, ni oranges ni feuilles,
Au pied de l’escalier, Clemenceau nous accueille.
On a gagné la guerre, mais on a tant perdu…
Voici les Nymphéas, en hommage aux Poilus.
Monet à Giverny, sa toile sur des mètres,
A posé ses couleurs, la palette d’un Maître.


Nous voici immergés, dans les salles ovales.
Par la verrière en haut, une lumière pale
Modèle arbres et fleurs, des milliers de couleurs…
Feuilles des nénuphars, troncs des saules pleureurs,
Sous les coups de pinceau, les couleurs qui se fondent,
Et c’est un arc en ciel qui caresse les ondes.


A l’étage au dessous, les copains de Monet:
Toute une collection, plus rien d’un jardinet !
Renoir, ses demoiselles, l’opulente Gabrielle,
Les pommes de Cézanne, voici Coco Chanel
Par Marie Laurencin, sa signature sage..
Du Douanier Rousseau, on fit tout un fromage…
Les éternels rivaux, Matisse et Picasso,
Passons par Montmartre, où peignit Utrillo,
Tout droit jusqu’à Soutine.. La fatigue s’installe,
Je déclare forfait, où sont les salles ovales…


Qu’il était reposant, le jardin de Monet !!

dimanche, mars 04, 2007

A l'Orangerie



Il y a bien longtemps qu’on ne fabrique plus de tuiles aux Tuileries, qu’il n’y a plus d’orangers dans l’Orangerie. Mais, jusqu’à nouvel ordre, la Seine est toujours là et le jardin de Monet tapisse éternellement les murs des salles ovales sous la lumière changeante des verrières.

L’Orangerie surplombe la Concorde, les visiteurs zélés attendent l’ouverture, le vent fait la course autour du bâtiment rectangulaire, arrondit ses angles droits, ébouriffe les têtes, bleuit les museaux. Nuages menaçants sur la place, arbres encore décharnés sur fond de ciel bleu sur l’autre rive, un rayon de soleil et tout n’est que lumière.

L’Orangerie a fait peau neuve. Au pied de l’escalier, Clemenceau est là, tout en bronze, le crâne lisse, les yeux très loin dans les orbites, sourcils et moustache agressifs, mais bien peignés, la bataille est finie : Voici mes Nymphéas, lui dit Monet, en hommage aux Poilus. Pendant plus de 20 ans, le vieux Monet, dans son jardin de Giverny cherche et pose les couleurs, des mètres, des dizaines de mètres de peinture de maître.

Ici, à l’Orangerie, il nous offre quelques dizaines de mètres qui tapissent les murs, immergent le visiteur, comme à la Géode. Par la verrière du toit, la lumière pénètre, varie à tout moment, modelant les arbres, la surface de l’eau, les nénuphars. Des milliers de couleurs, le noir n’est que couleurs, le tronc des saules est mille couleurs. Les branches d’enguirlandent jusqu’au dessus de l’eau, donnant la verticale, l’ovale des nénuphars donne l’horizontale. Simples feuilles ou fleuris, sur un fond de milliers de coups de pinceau, de couleurs fondues comme un arc en ciel.

L’étage au dessous, la collection Paul Guillaume rassemble tous les copains de Monet et bien d’autres : Renoir, ses jeunes filles au piano, l’opulente Gabrielle.
Cézanne et ses pommes : savez vous qu’il était très lent à peindre ses pommes vertes, rouges, jaunes, juste posées, en équilibre instable, ne vont-elles pas rouler.. d’ailleurs, la table est bancale…
Marie Laurencin, sa signature sage, ses portraits de femmes aux couleurs pastel, Coco Chanel est là.
Modigliani fit le portrait de Paul, son petit nez coquin, sa moustache en triangle, sa cigarette au bec.
Le Douanier Rousseau, eh oui, c’est tout simple, tout bête, mais il fallait le faire.
Picasso, mur de gauche, face à Matisse, mur de droite, les éternels rivaux. Je me détourne du mur de Picasso, ses femmes monstrueuses, non j’ai vraiment du mal avec Picasso, je préfère Matisse, ses odalisques nonchalantes, ses tissus chatoyants.
Derain, la fatigue s’installe, tout droit jusqu’à Soutine, comme il est torturé, mais que les couleurs sont vives. Utrillo à Montmartre, ses ruelles désertées… je déclare forfait !

Le jardin de Monet était si reposant…