poirebellehelene

... au caramel poivré

dimanche, juillet 15, 2007

Vive la Crête!


La Crête est l’île des dieux, l’île où est né Zeus : j’ai visité la grotte où il est né, sur le mont Ida. Il a été nourri au bon lait de la chèvre Amalthée, comme peuvent en témoigner tous ses arrière arrière… petits enfants, les innombrables chèvres qui peuplent les collines de Crête. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, Zeus serait mort, car on peut également visiter son tombeau !!! J’avais déjà entendu dire que Dieu était mort, mais ça, c’était une affirmation digne d’un Epiménide, j’avais également entendu parler de Jésus, mais là, c’était un trompe-l’œil..
Maintenant, le tombeau de Zeus… j’ai failli ne pas en revenir !!

La Crête est un pays aux collines pommelées d’oliviers, aux biquettes turbulentes. Chaque jour, il faut les traire, et le portable est devenu l’outil indispensable des bergers : "Allo, as tu vu mes chèvres ? "Il y a aussi les brebis, beaucoup plus cool, des caroubiers, dont on fait de la farine pour nourrir les bêtes en hiver, des bananiers qui donnent des bananes…Il fait chaud, mais pas trop, car il y a du vent.

Qui dit Crête dit sites archéologiques, ruines minéennes , vestiges grecs, romains, églises byzantines, forts vénitiens… je laisse à chacun son émoi devant ces fabuleux vestiges du Passé. Quelle que soit la visite programmée, le scénario est le même : mise au parfum sur la route dans un car climatisé. La première information donnée est toujours l’emplacement où nous trouverons des toilettes. J’en déduis que le touriste est avant tout un chieur.

La dernière invasion de la Crête fut celle des archéologues : quasi monopole des anglais avec Evans, à Knossos, mais il a vraiment manqué de goût, et voulu réécrire l’Histoire à sa façon… les français ont eu beaucoup plus de tact…(comme par hasard), quant aux italiens, à Phaistos, on admire leur discrétion. Phaistos m’a plu : c’est plein sud, et les cigales y chantent déjà en juin alors qu’elles sont encore muettes à Knossos.

Les Crétois ne sont pas crétins, mais ils ont tous Chrétiens, à 99,9%, et presque tous orthodoxes. Ils ont de superbes petites églises byzantines dans les villages, des petites miniatures d’église, toute blanches à l’extérieur, tapissées de fresques à l’intérieur, meublées d’icônes. Le dimanche, après l'office, une vieille en noir racle sur le sol les bavures de bougie.
Il y a aussi des monastères. D’aventure, après la visite de la galerie des Popes, un moine moderne, en soutane "jean", peut vous y servir de la grenadine à la cannelle. Son jardin bénéficie de l’arrosage automatique : fleurs, fraisiers…

Enfin! Un petit village crétois linéaire et ses vieilles femmes en noir, annoncées, promises et attendues dans le guide ! c’est dimanche, les hommes sont assis au café, et les femmes vendent le produit de leur tissage et leur broderies. Les rues sont bordées de mûriers. Il parait qu’ici, c’est le règne du matriarcat : la maison appartient à la femme. C’est la femme qui peut décider de la vendetta, à l’enterrement au moment de l’épitaphe : c’est elle qui donne la vie, donc c’est elle qui peut décider de la mort.

Dans le Bazar d’Heraklion, loukhoums, bidons d’huile d’olive bardés pour le transport par avion, bijoux, légumes (les fameux gombos), épices, pignons, fromages de brebis, fruits secs, miel de thym… Attablés au café, (café grec, expresso ou café glacé), les crétois égrènent leur Komboloï, chapelet « sans aucune valeur symbolique ou religieuse », mais qui « détend les nerfs ». Les billes sont en verroterie, mais il existe des komboloï d’art, en résine, en albâtre. Nous avons eu personnellement le privilège d’appréhender l’authentique komboloï de la chèvre Amalthée, en véritable crotte de bique, pièce unique.

Incontournable, la soirée dans un village crétois d’antan, spécialement affrété pour nous : vieilles maisons, vieux métier à tisser, vieilles dentelles, vieille forge… mais aussi toilettes, restaurant, jeunes adolescents danseurs et danseuses, qui nous accueillent, photos à payer en euros. Non Melina Mercouri n’est pas morte, et on danse le Sirtaki, même le dimanche..

Ne pas croire que la cuisine grecque est un sous-produit de la cuisine turque ! les grecs sont, comme les turcs, les héritiers de la cuisine byzantine. Récupérée après la prise et le sac de Constantinople par les Croisés. La moussaka, les mezzés, les feuilles de vigne, sont donc byzantins. La patisserie, baklavas en particulier, disséminée par les Turcs au Liban et sur tout le pourtour de la Méditerranée serait donc byzantine arabisée. C’est du moins ce que j’ai cru comprendre, mais il y aurait une « bataille du baklava »…En revanche, le café grec-turc a été apporté parles Arabes.

Quant à moi, si le cœur vous en dit, je vous invite pour une salade crétoise et un tzatziki… la moussaka et les feuilles de vigne demandent un peu plus de préméditation… quant au xaratigana : je rends mon tablier !!!