poirebellehelene

... au caramel poivré

mercredi, novembre 29, 2006

Mozart

Ce soir là, à Palais-sur-RER, Saint Martin en a vu de toutes les couleurs dans sa petite église. A commencer par les projos rouges sur les bas reliefs du maître autel, le prélat à la mitre à gauche et l’agonisant auréolé à droite, le regard illuminé à la vue du Paradis qui s'entrouvre devant lui… Quel manque de discrétion, ce rouge fluo!!!

Ce soir, Saint Martin ne tiendra pas compagnie à Joseph Bara. Pauvre petit, avoir manqué le Panthéon de si peu.. c’était la sécurité éternelle, une place au soleil sous la voûte, à l’abri des vents….Ici, dans son village natal, à l'entrée de l'hiver, entre sa rue et son boulevard, condamné pour toujours a regarder passer les RER, il ne dédaigne pas le demi manteau du bon Saint Martin !

L’église est bien chauffée, pleine à craquer, des tas d’enfants, un ou deux parents par enfant, parfois toute une fratrie, chouchous roses dans les cheveux des filles, mèches au garde à vous sur les têtes des garçons. Brouhaha, babillages, embrassades, retrouvailles. En plein coeur de l’église, les sièges vides attendent les musiciens.

Chut! Voici l'orchestre : des violons, des flûtes, violoncelles, clarinette, basse…
Voilà le Chef qui arrive en dansant, il semble diriger les musiciens, mais c’est lui qui joue, il saute, il bondit, la baguette à la main, il pique, il enfonce, il appelle, il sonde, il papillonne, il fouette, le tissu de son costume se moule sur son dos, il transpire. Le soliste virtuose est en retrait, on dirait qu’il l’a oublié, et puis soudain, il se retourne, fait un signe, et la flûte se mêle à l'orchestre, la musique s'élève, plane sous la voûte...

Les enfants sont attentifs, charmés, impressionnés, si près des musiciens qu’ils pourraient les toucher ! Ils voient leur regard tendu vers le Chef, la danse des archets, les mains qui vibrent. Les petits se sont endormis tout doucement sur l’épaule d’un parent, les bouquets sont prêts pour les artistes...

C’était l’année Mozart. «On a vu pire »…parait-il…