Le Modèle est un mec!

Modèle vivant.
Première séance de l’année.
Je suis toute heureuse :
Au bout de mon crayon,
je vois déjà
la chevelure brune,
la courbure de la nuque,
l’échancrure de la taille,
les épaules fines,
la chute des reins,
les hanches sculpturales,
le plissé du ventre,
les seins toniques ou alourdis,
le téton qui rebique,
la toison pudique,
la cuisse et le mollet bien blancs…

Le modèle est un mec…
Chevelure grisonnante,
les épaules baraquées,
deltoïdes saillants,
le thorax qui s’effile
en un tout petit cul.
Entre les cuisses, la toison
cherche à cacher l’appendice :
Peine perdue !
Modèle sans pudeur !
Les tétons sertis
dans un halo de poils…
Non, vraiment, c’est dommage !
Les cuisses et les mollets
ne manquent pas de grâce,
les chevilles sont fines…
Mais tous ces poils partout !
Ca ne me convient pas !

Que Vénus nous revienne !

Babillage

Jacques Prévert m’a dit : le bonheur est dans le pré, cours y vite : je me suis étalée, la tête la première dans une bouse de vache, c’est ce qu’on appelle se prendre une tarte à la crème.

Maintenant, j’aborde les prés en douceur par les chemins de randonnée.

Rouges les feuilles des érables, mouillés les sentiers, les randonneurs d’aujourd’hui sont plutôt des flâneurs : le babillage fait la nique à la marche.

Le babillage, premier don du créateur à l’enfant, langage régressif à forte connotation affective, badinage qui ne prête pas à conséquence, gazouillis qui rivalise avec la jacasserie des pies dans les prés.

Comme on dit, les langues vont bon train, les pieds ont du mal à suivre.
Papotage, bavardage, bientôt radotage… les langues s’accordent au rythme de la marche, les voix se mêlent et s’entremêlent, péremptoires ou amicales, aigües ou chuchotantes, chantantes et enjouées.

Très instructif, le babillage : Même si je décide de ne retenir que les histoires drôles et les recettes de cuisine... Je dois de temps à autre me mettre à l’écart pour reposer mon intellect submergé….

Le bonheur est dans le pré.