poirebellehelene

... au caramel poivré

mardi, juin 20, 2006

nid de bourdons

J'ai un nid de bourdons sous ma terrasse.
Ces derniers temps, ces jolis insectes bourdonnent à mes oreilles lorsque je me prélasse sur ma terrasse (j'y fais même des vers, et je les soupçonne d'avoir inspiré des poètes). J'ai remarqué qu'ils affectionnaient un jasmin planté dans un petit regard entre le mur de la maison et la dalle de la terrasse. Ils vont et viennent apparemment amicalement, mais sans me serrer de trop près. Je les ai pris nonchalemment comme une fantaisie de cet été. Ils ne s'intéressent même pas aux gâteaux ou autres mets non sucrés que nous consommons sur la terrasse, à l'inverse des guêpes. Ils me respectent, je les respecte.
Et puis, samedi, un de mes frères de passage sur la terrasse, m'a fait remarquer leur manège: va et vient singulier du bleu du ciel à un passage secret sous la dalle de ladite terrasse. Certains s'y engouffraient et y disparaissaient, d'autres s'en échappaient, au mépris total de notre existence et de nos agapes. "Tu héberges un nid de bourdons sous ta terrasse". Je pris alors conscience que j'étais assise sur un volcan, sur une poudrière, que ma terrasse était squattée par des individus dangereux, bref, qu'il fallait faire quelque chose: les pompiers? ils ne se déplacent plus pour les nids de bourdons... et puis, appeler les pompiers, cela me paraissait un peu extravagant(comme le jour où je les ai appelés pour déloger un matou en déroute qui, terrorisé, s'était réfugié sous mon lit et refusait de déloger; ils m'avaient demandé si j'étais sûre que ce n'était pas un tigre... la honte! j'avais fini par le déloger à coups de manche à balai, encore plus terrorisée que lui) A défaut de pompiers, il me fut suggéré d'en parler à Truffaut, ou Leroy Merlin qui me donneraient bien une solution pour enfumer, ou d'une façon ou d'une autre, exterminer ces sales bêtes, dont on me fit remarquer qu'elles avaient le cul rouge, et que c'était l'espèce la plus méchante.
Je choisis finalement d'interroger mon cher Google: je n'étais pas la seule à héberger, ou à avoir hébergé un nid de bourdons et à vouloir m'en débarrasser.Google connaissait la variété au cul rouge, j'interrogeais donc un connaisseur. La réponse fut: mais pourquoi donc voulez vous exterminer ces gentils bourdons? Ce sont des animaux utiles, et inoffensifs. Ils ne piquent que rarement, vraiment quand on les embête, et après sommation d'usage: quand le bourdon est en colère, il vous tourne autour en bourdonnant très fort bzz,bzz, alors là, cessez de faire l'imbécile, et s'il vous pique, c'est que vous l'avez cherché. Google concluait: si vous voulez vraiment vous débarrasser de ces gentilles bebêtes, vous pouvez toujours les ébouillanter, mais à quoi bon? elles ne passeront pas l'hiver.
Je renonçai donc au supplice moyenageux (tant qu'à faire, j'aurais choisi la poix plutôt que l'eau bouillante), et décidai de laisser en vie ce petit monde souterrain. C'était, par surcroit, la solution de facilité. Maintenant, quand je me prélasse sur ma terrasse (c'est devenu une manie), je regarde tendrement ces petites boules veloutées aux fesses rouges. J'admire leur sens de l'orientation, leur ardeur à la tâche. Petites bêtes à qui j'ai sauvé la vie, rescapées d'une erreur judiciaire et de son corrolaire, un supplice immérité. Mon oreille se repose de l'année Mozart en se régalant de leur bz bz serein. Et puisqu'il parait que leur rôle est important dans la fertilisation des plantes , je rêve au bonheur de mon rosier blanc qu'ils affectionnent.
On se crée les ennemis qu'on peut. Bonjour les amis.

dimanche, juin 18, 2006

rando

Aujourd’hui, rando (randonnée en miniature), petit sac à dos tout léger pour rejoindre mes compères en gare de Rambouillet. Fraîche, dispose et guillerette, tralala itou… le RER est encore frais, voici la gare Montparnasse.
Le Francilien pour Rambouillet, c’est une première pour moi. Il se veut bucolique avec son thé vert… pardon son T qui se prélasse sur une feuille verte, mais toute la ligne est taggée. La SNCF, c’est le TGV, Mitterrand ou Chirac, je ne sais plus, enfin l’un ou l’autre ou les deux l’inaugurant en grande pompe… mais la SNCF a su rester modeste, la ligne Paris Rambouillet, ringarde à souhait, en est un exemple flagrant: tortillard pétomane, qui lâche des gaz à toutes les stations, craquements dans la toiture. Les gares ont certes sacrifié à la modernité : Auchan m’invite encore et encore à goûter son nouveau « plaisir gourmand », et le nom des stations s’affiche en bleu rutilant. Mais à « Bellevue », le panneau est encastré sur une muraille en béton qui a fait les deux guerres, vécu l’érosion du temps.. et qui se souvient ! A l’approche de Rambouillet, dans la campagne, rambardes rouillées, mais foison de coquelicots, bucolique enfin ! A moi la Nature !
A l’arrivée, j’ai du me tromper, pas de comité d’accueil, pas de randonneurs, eh bien, je randonnerai toute seule. Découvrons d’abord la ville de Rambouillet. Il y a bien un Château, mais disons le tout net, c’est un trou. Croisons, dans des rues presque désertes, quelques rambolitains heureux. Pas de petit marché du dimanche. Visitons le Château, célèbre pour ses boiseries, et son parc pour ses canards. J’adore la noble fierté du guide qui nous fait faire le tour du propriétaire. Achetons un plan chez un papetier neurasthénique, totalement incapable de me guider vers la forêt, même avec l’aide du plan. Orientons nous donc par nous même, ce n’est pas si difficile et je passe 2 à 3 heures dans les sous bois, au bord de l’étang. Tout le monde se salue, mais il n’y a pas grand monde, une jeune fille à cheval, deux petites filles qui pataugent dans la boue de l’étang, une famille qui pique nique, deux randonneurs égarés que je remets dans le droit chemin, pas mal de mouches qui s’acharnent à papillonner sur mon visage (j’ai l’impression d’être un cheval)
Retour au bercail, Rambouillet-Paris, c’est encore pire que Paris-Rambouillet : trois quart d’heure à attendre un train qui a bénévolement emmagasiné toute la chaleur de la journée pour la restituer à des cohortes de randonneurs en nage. Et le contrôleur qui me réveille de mon petit somme réparateur !
Epuisée, mais euphorique, je vais dormir, car demain, ma thèse sur Mémée, qui n’en est qu’à ses balbutiements, m’attend de pied ferme. Bonsoir.