poirebellehelene

... au caramel poivré

vendredi, avril 27, 2007

Dimanche 22 avril, 20heures

Segolène parle comme un camion, elle avance lentement, diction monocorde qui roule en première, les gens montent sur la remorque car le chauffeur est belle, classe, tout en blanc. Un camion conduit par la Madone, ça ne se rate pas. Sa diction lente lui donne un air de sérénité, sa voix masculine un air de force tranquille. Les mots vides sont plus légers et gravissent sans peine les marches, une à une, jusqu’au sommet, aux neiges éternelles.
Sourire béat et bras ouverts « Dominus Vobiscum », c’est l’Ascension, je vous emmène avec moi jusqu’au Paradis….

Sarkozy danse, s’agite, les bras s’envolent, brassent l’air, le ton est modulé, chantant, virevoltant, le geste suit la parole. C’est un avion de plaisance qui tournoie, s’élance, fait des loopings et de tonneaux, voyez comme je suis capable ! puis pique en rase mottes pour récupérer ceux qu’il a séduits. L’hyperactif sentimental. Je suis le Roitelet, c’est moi qui vole le plus haut, je vous emmènerai au dessus des nuages, là ou le ciel est toujours bleu….

Deux exercices de style, deux parcours sans faute pour hypnotiser la foule.
Rêve éveillé où tout est amour, miracle, où l’impossible devient possible…

Mardi, je regarderai le face à face….

mercredi, avril 18, 2007

Jazz


Chaque année au printemps, chez les Américains,
On célèbre le Jazz, venu des Africains.
Leurs instruments superbes, les quatre musiciens,
En costumes choisis, sont aussi comédiens.
Musique populaire, aux accents si typiques,
Au rythme envoûtant, et devenue classique.

Yeux fermés, joues gonflées, voici le Saxophone
Comme sa peau est noire, sous sa chemise jaune,
Son instrument en cuivre donne la mélodie,
Avant de s’éloigner : c’est là qu’on applaudit.
Aux autres de jouer, chacun avec humour,
Va nous exécuter son morceau de bravoure.

Au Piano un grand blanc, crâne lisse et rasé,
Tout noir dans son costume, la barbe bien taillée,
Mains jointes au visage, il salue et s’incline,
Attaque le clavier de ses grandes mains fines.
Steinway dans les deux sens, se laisse caresser,
Puis avec tous ses fils, il se fait matraquer.

Voici la Contrebasse, cravate et costume bleus,
Bourdonnant sur la scène, vibrez, les cordes, parbleu !
De la main droite, index et médius se démènent,
Les autres doigts s’effacent, le pouce en quarantaine.
Promenée sur les cordes, la main gauche bondit,
En pattes d’araignée, ses doigts sont arrondis.

Alvin Queen le Batteur, oui, c’est lui le héros.
Même assis il est grand, ce grand noir tout en os,
Il parle de la tête, roule des yeux qui rient,
Un grand sourire tout blanc, et je le lui envie.
Douces sur le tambour, les baguettes en coton,
Aux boules veloutées, en étouffent le son.

Des baguettes pinceau, il effleure les cuivres,
Et puis pleuvent les coups, il cravache, il faut suivre…
Les baguettes chinoises, sèches comme une trique,
Entrent alors dans la danse, là ça devient tonique !
Contrebasse, Saxo, Piano et Percussions,
Chacun son tour, tous ensemble, à l’unisson…


C’est un bal, un régal, un festival, un cérémonial, un carnaval…

samedi, avril 14, 2007

Mimouna

21h24, la fête est finie, la fête commence..

La pièce est petite, les tables sont étirées le long des murs, devant la bibliothèque, les rayonnages qui affichent l’Histoire de la Grande Guerre ou Rembrandt et la Bible, ou de charmants bibelots d’ici ou d’ailleurs, ou encore un ancêtre en photo vieillotte, moustache et col amidonné.
Sur les tables garnies de nappes fleuries, des vases, des fleurs en bouquets, ou une rose unique, orange pâle, ou une assiette de rose séchées.
Les invités défilent, « terbah », ouvre la bouche pour la datte trempée dans le miel. Chacun dépose son cadeau.
C’est la Mimouna, un grand plat de farine, orné de fèves fraîches, un carré de levure, des dattes, un plat de fruits secs, pruneaux, bananes séchées,
Une assiette de morosia, bien noir, bien visqueux, (raisins secs et noix caramélisées), des mendiants en chocolat, des fruits confits, amandes et sésame au caramel.
Cette année, pas d’aubergines confites au gingembre : introuvables, mais les écorces d’orange confites : celles là, elles sont bonnes !!
Macarons, flûtes et triangles aux amandes, mais surtout, les crêpes et le couscous : petit lait avec le couscous, maflita trempée dans le miel épais, tout à l’heure un bon thé à la menthe..
Des œufs de Pâques empapillonnés dans leur papier multicolore, mais aussi du salé : un feuilleté à la viande, un autre aux épinards.

C’est le défilé, chacun va et vient , embrasse du regard toutes ces bonnes choses, goûte, reconnaît les autres invités fait le tour des tables, embrasse les uns et les autres. Assis, debout, on mange, on boit, on discute, on repart, tandis que d’autres arrivent, chargés de baisers et de cadeaux.
On boit… pas que du thé, pas que du petit lait : du bon vin de Bordeaux, rosé, vin d’Alsace, le maître de maison s’y connaît. Et aussi Perrier, Vittel fruits rouges, pas de Mahia, mais de la Vodka bien givrée, du Cointreau…

Donc, des mises à jour, mais c’est la Mimouna d’autrefois. Ici, c’est le sanctuaire du judaïsme marocain d’avant. Les juifs du Maroc d’autrefois laissent monter la nostalgie du terroir. De ces juifs là, il n’y en aura plus, le moule est cassé. Le moule est né au Maroc des Sultans baladeurs, a vu arriver les Français, est monté du Mellah en Ville Nouvelle, pour y redescendre pendant la guerre, a envoyé ses enfants étudier en France, les a rejoints quand ils y sont resté, est devenu français, a voté Mitterrand, et eût voté Sarkozy…

Ce soir, pas de voisins musulmans pour apporter amicalement la farine, le couscous, la maflita, le poisson, mais ce sont des musulmans qui font rentrer la musique :
Deux musiciens de « chez nous » ou de « là-bas » : tambourin, un banjo « libéré », sans barrettes, les tons glissent librement, un luth, et c’est parti, les chansons d’autrefois, « dorbia »… Soudain, les pieds s’agitent, puis les hanches, les épaules, on tape dans les mains ! On se fait plaisir, on chante la chanson où juifs et arabes sont frères, Isaac et Ismael ont le même père… pourquoi pas, on rembobine, je vois Abraham dans ses verts pâturages et Notre Père qui êtes aux Cieux.

Et voici la danseuse, comme elle danse bien : les 2 petites filles ne la quittent pas des yeux, Suzanne drapée dans un grand foulard vert, Adèle dans un jaune, un élastique avec une petite fleur dans les cheveux. Suzanne la dévore des yeux, mais elle danse déjà à merveille, Suzanne, c’est sûr, un jour, elle sera grande, elle aura aussi une grosse poitrine, un bustier à paillettes, des hanches qui ondulent et un nombril qui tremblote.

Beaucoup de photos, pour retenir la joie, l’ambiance, le passé dans le présent.
Ce soir, la nostalgie est gaie.

vendredi, avril 06, 2007

Paquerettes


La Paque, c’est « Pessah », le « saut »
Et pendant les sept jours, il faut
Manger le pain azyme : matsa
Le soir, lire la Hagada :
L’esclavage, les pyramides,
L’agneau pascal, sortie d‘Egypte,
Moïse, la Mer Rouge, le sang…
De l’Eternel, la main puissante…

C’est cette époque de la Paque,
Ce temps si fertile en miracles,
Que choisit Jésus pour mourir,
Ressusciter, toujours souffrir…
Et ainsi tout se compliqua,
Paque en Pâques, se multiplia :
Son Ile, son Lundi férié,
Malborough et sa Trinité…

Miracle ! les cloches ! voyez :
De Rome, leurs ailes déployées,
Il pleut des œufs dans les jardins !
Et dans le ventre des lapins !
Les poules couvent des poissons !
C’est le printemps : tous sont féconds !

Ton temps est là, lève la tête,
Dans l’herbe, jolie Paquerette.

mercredi, avril 04, 2007

Inspiration

Inspiration : aspirer l’air dans ses poumons. Je suppose que, des alvéoles pulmonaires, une multitude de petites bulles d’oxygène s’éparpillent dans les neurones, provoquant un remue-méninges… En fait un peu comme des bulles de Champagne. Apparaît alors la Muse et son souffle divin. Dernière étape : expirer sur sa feuille…

Je manque d’inspiration, car ma Muse est .. la 2035, K de surcroît. Elle succède à la Muse « CIEL », sur fond bleu, le logiciel de comptabilité le plus divin.
Eh oui, c’est de saison, je suis dans la Déclaration d’Impôts. Oh vous, pauvres salariés qui ne connaîtrez jamais l’inspiration divine de la Muse 2035, les délices enfouis dans les petites cases sur fond parme !!
Cette année, à la veille de ma retraite, je suis rôdée, le parcours de la Nationale 2035 n’a plus de secrets pour moi, je peux me recycler : comptable
Je n’ai pas reculé devant 1 heure d’attente à l’AGA pour le plaisir d’observer le petit comptable cocher toutes les petites cases sans trouver une seule faute, conclure à la « cohérence » et la « vraisemblance », et cosigner avec moi : RAS. Cohérente, vraisemblable, rien à signaler, tel est mon portrait, je suis transparente comme une SCI.

Délicieux, le jeune comptable : miniature, svelte, super élégant dans son costume bleu marine, jolie cravate, souriant, longue frange brune bien déployée sur le front, précieux, gaucher, rôdé au trajet bureau-photocopieuse, toujours souriant, souriant, il aime son métier, c’est sûr.
Il s’est assis devant moi, ou moi devant lui, j’étais à l’aise, mes compagnons de 2035, à d’autres tables, devant d’autres comptables, affolés, cherchaient de tous côtés des chiffres envolés en décembre alors qu’on les cherchait en juin. J’étais l’îlot de sérénité dans la tourmente.
Il avait bien failli me déstabiliser en lançant un coup d’œil à un « état », intitulé « Balance des Comptes »…rien à voir avec un divertissement, mais je me méfie des hasards de l'escarpolette... déployé, cet état évoque un parcours de golf à 100 trous avec des tas de drapeaux, ou la dernière formule de la dernière molécule découverte par le dernier Prix Nobel de chimie.
J'ai fait comprendre à mon "gentil comptable" que l’entrevue de cet « état » déclenchait chez moi le « grand malaise vagal ». Il a été compréhensif : il est comptable, et pas médecin…

Il a donc opté pour mon choix et arpenté la feuille mauve et ses appendices KA et KB, partant de mon pantagruelique numéro de SIRET (je ne sais pas comment j’ai réussi à le gagner, celui-là, est–il sorti d’un jeté de dés, me vient-il de mon père ou de ma mère ? Un jour, on me l’a donné, comme un dernier prénom, en me disant que je n’étais plus sirène, mais sirette…)
Dans la main droite, le crayon cocheur, dans la main gauche la calculette, mon GC et moi sommes partis de AA pour arriver jusqu’à CP, en passant par le labyrinthe de la CSG, le dédale des Charges qui pèsent si lourd, sociales ou pas, le CL alimenté par le CQ, échappant heureusement à l’abattement des jeunes artistes. Moi, très fraîche, je me sentais la surdouée de la 2035..
Parcours sans faute,… jusqu’à la CP, la dernière case… une faute !! un 9 pour un 8… retour en CE1 : il faut dire, une soustraction à 5 chiffres, ça craint!! Il était déçu mon gentil comptable, vite du tippex et il n’y paraîtra plus..

Et voilà comment l’ Administration étouffe l’Inspiration.
Mais voilà comment on s’offre une demie heure de bonheur…. elle est pas belle, la vie ????